Les films de ce programme sont présentés gratuitement sur Tënk du 4 au 12 mars 2021
Comment porter la peur à l’écran sans tomber dans le cliché du film d’horreur? Les courts métrages proposés dans ce bloc thématique explorent ce sentiment par le biais de diverses formes et esthétiques. Qu’elle soit vécue par soi ou par un·e proche, la peur dont ces films témoignent est le résultat de violences sexistes et systémiques. Ces expériences marquent tantôt le corps, tantôt la mémoire, et perdurent bien au-delà de l’événement déclencheur. C’est sous cet angle que nous vous proposons de revisiter l’expression de la peur au cinéma.
Cayenne de Simon Gionet | L’étang, la nuit de Olivia Boudreau | Where we were not: Feeling Reserved, Alexus’ Story de Jess MacCormack & Alexus Young | Lucia in the sky with traffic lights de Ery Claver et Gretel Marin | Cuando la Rumorosa Calla de Patricia Montoya
Cayenne
de Simon Gionet
Canada, 2020 | 10:41 | fiction | français, s.t. anglais
Synopsis
Durant son quart de travail de nuit dans une station-service, une commis s’aventure à l'extérieur pour réparer la voiture d’un homme dont les intentions lui inspirent de moins en moins confiance.
Avertissement: Ce film met en scène des formes de harcèlement et de violences psychologiques.
Avis de l’équipe
Ce court métrage emprunte aux codes du thriller pour illustrer avec brio le doute qui accompagne parfois le sentiment de peur. La protagoniste, isolée et loin d’une aide disponible, met en doute le sentiment d’insécurité qui l’habite. La performance de Marianne Fortier rend avec justesse un sentiment que la plupart des personnes qui ne sont pas des hommes cis ressentent à plusieurs moments lorsqu’iels se trouvent seul·e dans les espaces publics.
L’étang, la nuit
de Olivia Boudreau
Canada, 2020 | 14:53 | fiction | français, s.t. anglais
Synopsis
Retournant à l’étang de leur enfance, deux sœurs s’abandonnent à un jeu qu’elles faisaient jadis. Au cœur de la forêt et accompagnées par la vie aquatique de l’étang, leurs retrouvailles mèneront à une troublante confession.
Avertissement: Ce court rapporte des cas de violences sexuelles, verbales, physiques et psychologiques.
Avis de l’équipe
Il y a parfois des souvenirs qui nous hantent, qui refont surface sans prévenir et qui sèment le doute au quotidien. Par un habile maniement des couleurs, des textures, et des sons, le film nous plonge dans une ambiance mélancolique propice aux révélations. Olivia Boudreau imbrique avec finesse le passé et le présent, le réel et l’imaginaire pour disséquer la persistance de la culpabilité.
Where we were not: Feeling Reserved, Alexus’ Story
de Jess MacCormack & Alexus Young
Canada, 2019 | 6:00 | documentaire | anglais, s.t. français
Synopsis
Dans ce film, Alexus raconte son histoire d’un « starlight tour », une pratique de brutalité policière envers les personnes des Premières Nations. Abordant les violences systémiques et la loi du silence qui en découle, ce documentaire expérimental est essentiel pour aborder la surcriminalisation des Autochtones.
Avertissement: Ce court métrage aborde explicitement des violences racistes, transphobes et systémiques.
Avis de l’équipe
Avec ce documentaire expérimental, Alexus Young témoigne des séquelles que laissent les expériences de brutalité policière à l’encontre des peuples autochtones. Grâce à l'utilisation de l’animation, le court métrage rend visible la violence inouïe non seulement administrée, mais cautionnée par l’État. Comment porter plainte alors que les violences dont une personne a été victime ont été perpétrées par l’instance même qui récolte les plaintes? Que fait-on lorsque le corps policier n’inspire pas la confiance, mais bien la peur?
Lucia in the sky with traffic lights
de Ery Claver et Gretel Marin
Angola, 2018 | 16:32 | art et essai | sans dialogue - texte en anglais seulement
Synopsis
Le portrait silencieux de Lucia, une femme prise dans un engrenage de stéréotypes, privée du droit d'être, de penser et de parler. Le film la suit au moment où elle prend enfin son envol.
Avertissement: Ce film aborde explicitement des violences racistes et structurelles.
Avis de l’équipe
Ce court métrage expérimental se démarque par son esthétique puissante. Quitter une situation d’abus, de noirceur et de douleur pour une autre vie demande du courage. Sans paroles et porté par un texte poétique, le récit de Lucia vers la liberté est aussi le récit d’une libération de la peur.
Cuando la Rumorosa Calla
Patricia Montoya
Mexique, 2020 | 16:21 | fiction | espagnol, s.t. français ou anglais
Synopsis
Lucia Octavio monte à bord d’un autobus, au milieu des montagnes d'une ville frontalière, et se réveille nue lorsque l’autobus arrive à la station. Confuse et seule, quoique déterminée et courageuse, Lucia affronte les agresseurs qui la menacent.
Avertissement: Ce film met explicitement en scène de la violence sexuelle, verbale et physique.
Avis de l’équipe
Mélange de séquences théâtrales à tendance surréaliste, Cuando la Rumorosa Calla se présente comme une méditation dense et tendue sur les doutes et récriminations auxquels les femmes sont confrontées lorsqu’elles sont témoins, ou subissent directement, des violences sexuelles et osent en parler. Ainsi, le film est une réflexion sur les mouvements de justice sociale contemporains pour l’égalité des sexes, tel que Ni Una Menos au Mexique, Ni Una Mas en Argentine, #MeToo aux États-Unis, et plus récemment, LasTesis au Chili, mouvement dans lequel les activistes font face aux forces puissantes et corrompues avec leurs corps, leurs paroles et leurs histoires.